dimanche 8 février 2009

Ma génération

J’appartiens à une génération bâtarde qui n’a connu ni le temps des révolutions triomphantes, ni celui des idéologies foisonnantes.

J’appartiens à une génération ayant grandi sous l’ère de la télévision unique, du téléphone fixe et qui un jour s’est retrouvée plongée dans une société où les salons de thé et les Hummer poussaient comme des champignons après une averse hivernale.

J’appartiens à une génération désabusée, nostalgique de la Tunisie de papa, de Grendizer et des 404 bâchées.

Une génération qui était avide de Levis 501 et de magnétoscopes tout droit sortis des valises des pèlerins.

J’appartiens à une génération de littéraires, lecteurs assidus de Najib Mahfouz et de Voltaire.

Une génération qui a connu Mickael Jackson noir et qui faute de choix ne sortait pas beaucoup les samedis soirs.

J’appartiens à une génération qui jouait à l’Atari, collectionnait les billes et écarquillait les yeux pour quelques sucreries.

Une génération de transition qui n’a connu ni les centres d’appel, ni les affres de la mondialisation.

J’appartiens à une génération désenchantée qui lisait Majalit Majed et rêvait de libérer la terre occupée.

Une génération bercée par la voix de Néjib Il Khatab qui ne frimait pas et ne jouait pas aux petits Nababs.

J’appartiens à une génération de trentenaire qui a essayé tant bien que mal de faire face à l’adversité et à l’arbitraire.

حنين و رثاء

أحنّ إلى لغة الضاد كما يحن الموج إلى ضفاف الشاطئ ولكن قلّ ما أجد كتابا خطّ بالعربية يستحق القراءة والاهتمام. فأدباؤنا الأفذاذ قد واروا الثراء منذ زمن ومن بقي منهم يكاد عددهم لا يتجاوز عدد أصابع اليد الواحدة.

ورغم كل ما نسمعه عن الأدب الجديد والرواية المعاصرة وما بعد المعاصرة فإن ذلك لا يعدو أن يكون مجرد ترهات وتشدق لا يغني ولا يسمن من جوع أو هو يتنزل على حد عبارة أحد الزملاء في بودقة الأدب المرحاضي.


ومما لا شك فيه أنّ
الأدب العربي يمرّ بأزمة حقيقية و عميقة أو هو بالأحرى لم يخرج من أزمته. و أعتقد أن أزمة الأدب هي في نفس الوقت أزمة لغة. فلغتنا العربية في حالة احتضار سواء على المستوى الأدبي أوالشعبي والغريب في الأمر أنّه لا أحد يأبه لأنّاتها.

ومنذ أن بدأت تجربة التدوين كنت قد تعجبت من اختيار العديد من المدونين اللغة الدارجة عوضا عن الفصحى للتعبيرعن مشاعرهم وأفكارهم ولا أعتقد أنّ ذلك يرجع لجهلهم اللغة العربية وقواعدها وإنما يعدّ ذلك من قبيل التجاهل و الاحتقار.

واللغة كيان حي فلا يمكن أن تتطور وتترعرع إلا إذا أقدم عليها أصحابها فإن هم عزفوا عنها كان مصيرها التلاشي والاضمحلال.

وأخشى ما أخشاه أن يكون قد كتب على لغتنا الموت البطيء وأن يكون مآلها الاندثار كغيرها من اللغات البائدة مثل اليونانية القديمة أو اللاتينية

samedi 7 février 2009

Héritage des femmes et intemporalité du texte coranique

A l’occasion d’un colloque des associations féministes maghrébines qui s’est tenu récemment au Maroc, on a à nouveau remis sur le tapis la question épineuse de l’héritage des femmes en Islam. D’ailleurs comme tout meeting féministe digne de ce nom, les participantes ont vilipendé dans leur déclaration finale les législations maghrébines régissant la matière et ont réclamé à l’unisson l’instauration de l’égalité entre les sexes dans ce domaine.

Personnellement je n’ai rien contre la révision de la législation tunisienne dans ce sens d’autant plus que je n’ai pas de sœurs et que même si j’en avais une ou plusieurs cela ne me gênerait pas de partager avec elles le néant que mon paternel va me léguer.

Plus sérieusement, si je suis enclin à soutenir cette revendication féministe c’est que l’argument que brandissent les partisans du statu quo me semble dépassé. En effet, dire que l’homme doit avoir une part plus importante de l’héritage car à l’inverse de la femme c’est lui qui assume les frais du ménage ne me semble plus d’actualité.

De nos jours, les femmes sont aussi impliquées que leurs homologues masculins dans les dépenses courantes et ce sont elles parfois qui en supportent courageusement la part la plus importante n’hésitant pas à contracter crédit sur crédit pour subvenir aux besoins de leurs familles.

Il est donc injuste qu’elles doivent se contenter d’une part moindre de l’héritage alors qu’elles endossent des obligations financières aussi importantes que les hommes.

Présentées ainsi les choses peuvent paraître assez simples cependant tel n’est pas le cas et ce, en raison des implications religieuses de la problématique de l’héritage.

Les règles légales régissant les successions dans nos sociétés arabes étant d’inspiration islamique, les amender équivaudrait pour certains à remettre en cause la sacralité de la parole divine et par ricochet le principe d’intemporalité des préceptes coraniques (le fameux principe selon lequel le coran, même en ce qui concerne les questions sociales, est valable pour toutes les époques historiques).

En effet, contrairement aux règles relatives à l’esclavage ou à la polygamie dont la remise en cause ne pose pas de réelles difficultés puisque le texte coranique semble lui-même permettre cela, les dispositions afférentes à l’héritage laissent quant à elles peu de place à l’exégèse. Et donc si on abolit ces règles en utilisant des arguments uniquement d’ordre social et qui n’ont pas de fondement textuel qu’est ce qui peut nous empêcher dés lors de toucher à d’autres préceptes telles que ceux relatives aux interdits alimentaires ? Après tout on peut considérer que l’interdiction de manger de la viande de porc n’était justifiée à l’époque du prophète que par l’absence de systèmes frigorifiques performants pouvant permettre le transport et la conservation en toute sécurité de cette viande si particulière.

Que faire alors ? Accepter de réviser les règles relatives à l’héritage et prendre le risque d’ouvrir la boîte de pandore ou bien préserver la parole divine et le statu quo ce qui est de nature à léser toute une partie de la société ?

Pour ma part, je considère que l’argument de l’intemporalité de la parole divine est une vaste escroquerie car comment croire que le bon dieu dans son infinie sagesse n’ait pas pris en compte le développement inéluctable des sociétés humaines. Il s’en suit que les prescriptions coraniques d’ordre social doivent absolument être interprétées dans leur contexte historique.

Il serait indécent et même « blasphématoire » de vouloir sauver le texte au détriment de l’Homme.

jeudi 5 février 2009

Cinecitta ou le nouveau navet du cinéma tunisien

Je viens d’assister à la salle moribonde de l’Alhambra à la projection du film Cinecitta de Brahim Ltaief et le moins qu’on puisse dire c’est que je viens de gaspiller deux heures de mon existence à regarder un film d’une platitude navrante. A choisir, j’aurais sans aucune hésitation accepté de visionner en lieu et place de ce navet intégral un documentaire de cinq heures sur la sexualité des singes bonobos d’Afrique centrale.

Mais avant d’expliquer le pourquoi de mon aversion envers ce film, parlons tout d’abord des quelques points positifs. D’ailleurs, ils sont si peu nombreux qu’on devrait très vite en faire le tour. Ils sont au nombre de deux et ils concernent exclusivement le casting. Tout d’abord, Mohamed Ali Nehdi qui bien qu’il n’apparaisse que dans deux ou trois scènes du film, a tout de même réussi à sortir une prestation plus qu’honorable. Enfin, Raouf ben Amor toujours égal à lui-même, s’en sort indemne d’un film qui, de par sa banalité affligeante, aurait pu mettre à mal son statut d’icône du cinéma tunisien. Tel ne fut pas le cas pour Fethi Heddaoui l’autre guest star du film, et dont la prestation balbutiante était en adéquation avec le niveau généralement bas de l’œuvre.

Pour un film dont la trame principale tourne autour du 7ème art, la moindre des choses aurait été d’avoir un scénario qui tienne la route. Malheureusement dans ce film le réalisateur a essayé de nous vendre une histoire à dormir debout à propos de trois pieds nickelés (respectivement Abdelmonem Chouayet, Mohamed Grayaâ et Med Ali ben Jemaa) qui voulant monter un film et ne trouvant pas le financement nécessaire, commettent pour pallier à ce manque un hold-up rocambolesque. De là s’ensuivent une série de rebondissements aussi invraisemblables qu’insipides.

On se rend très vite compte que le réalisateur se contente de compiler les scènes les unes à la suite des autres en espérant que ça marche alors que normalement un scénario doit recéler un minimum de cohérence. Quant aux scènes humoristiques elles sont du niveau de l’école maternelle servies par une réalisation mollassonne qui use et abuse des plans serrés.

Pour terminer je dirai que Cinecitta va certainement atterrir aux oubliettes du cinéma tunisien où il y rejoindra des chefs-d’œuvre aussi édifiants que Lambara et autre Demain je brûle.

dimanche 1 février 2009

Petite anecdote dominicale

Au milieu des années 50, un généreux homme d’affaire saoudien a décidé d’affréter un avion pour transporter des pèlerins soudanais vers la Mecque.

Malgré la vétusté de l’avion affrété et malgré la présence à bord de passagers en surnombre, la majeure partie du voyage se déroula dans des conditions normales mais à l’approche de l’aéroport de Djeddah, l’appareil commença à faire des siennes et le pilote anglais essaya tant bien que mal de le maîtriser.

Cependant les choses s’aggravèrent notamment lorsque l’un des moteurs s’arrêta et pris brusquement feu. Le pilote totalement affolé jeta un coup d’œil aux passagers mais ces derniers affichaient un calme olympien et à sa grande stupéfaction, il ne constata aucun signe de panique apparent. Mais il n’eut pas le temps d’analyser leur réaction car il devait se concentrer pour faire atterrir l’appareil. Chose qu’il réussit à faire grâce à une manœuvre très habile qui permît à l’avion de s’immobiliser en bout de piste juste en face d’une dune de sable.

Le pilote anglais s’attendait à une explosion de joie de la part des passagers et à un tonnerre d’applaudissements pour saluer sa performance mais rien de tout cela n’eut lieu. Les pèlerins commencèrent à descendre calmement de l’avion comme si rien de grave ne c’était passé.

Totalement interloqué, le pilote attribua la quiétude affichée par les passagers à leur statut de pèlerins et il éprouva une grande admiration envers ces pieux musulmans qui armés de leur seule foi avaient su faire preuve d’une parfaite indifférence face à une mort quasi-certaine.

Mais ce que notre pilote british ignorait, c’est que c’était la première fois que les braves pèlerins montaient dans un avion et donc n’ayant aucune expérience en la matière, ils avaient tout simplement cru que la procédure habituelle pour faire atterrir un avion consistait à mettre le feu à l’un de ses moteurs et à le faire immobiliser devant une dune de sable.

Comme quoi les conclusions qu’on peut tirer d’un événement donné peuvent diamétralement différer selon l’interprétation qu’on a choisi d’adopter.