vendredi 8 mars 2013

L'homme qui aimait les chiens

Alors que certains livres servent uniquement à faire passer les interminables journées administratives (ce qui en soi n’est pas négligeable) d’autres, tel le cheval ailé sur lequel a voyagé le prophète Mahomet, ont la faculté de vous transporter vers des univers insoupçonnés.

« L’homme qui aimait les chiens » de Leonardo Padura fait partie de cette catégorie d’ouvrages. Ceux là même qui lorsqu’on achève leur lecture vous font sentir un peu plus cultivé et peut-être même un peu plus intelligent (un sentiment de plus en plus rare dans la Tunisie d’aujourd’hui).

Écrivain cubain qui a connu ses premiers succès littéraires grâce à des romans policiers ayant pour décor sa ville natale la Havane, Leonardo Padura a décidé dans son dernier roman de s’attaquer à la narration d’un crime non pas fictif mais bel et bien réel qui est celui de l’assassinat de Lev Davidovitch plus connu sous le nom de Léon Trotski.

La singularité de la démarche de Padura consiste à mettre en scène les destins croisés de la célèbre victime et de son anonyme bourreau un certain Ramon Mercader. Ces deux êtres que normalement tout sépare,  sauf peut-être leur amour des chiens, deviennent sous la plume de Padura presque des figures gémellaires, une sorte de prototype de l’être humain tiraillé entre le doute et les certitudes, entre la force de ses convictions et l’ignominie d’une réalité désenchantée.

Padura en maître du roman policer réussit à tenir son lecteur en haleine malgré la connaissance de ce dernier de la fin tragique que va connaître Trotski. Cette réussite littéraire tient au fait que « l’homme qui aimait les chiens » dépasse son cadre historique pour s’inscrire dans une réflexion plus profonde concernant le sort des individus qui se retrouvent confrontés à des événements historiques dont l’ampleur les dépasse même lorsque, comme dans le cas de Trotski, ils ont eux-mêmes participé à la genèse de ces événements. Un thème littéraire aussi vieux que la littérature elle-même et que Padura réussit néanmoins à transcender.

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