mercredi 30 novembre 2011

Attention, les laïques intégristes attaquent


Depuis la révolution on assiste à une prolifération inquiétante de l’intégrisme laïque. Dans les rues de Tunis, le spectacle est saisissant, où que vous alliez, vous avez de fortes chances de croiser des hommes et des femmes, souvent jeunes, arborant une tenue légère à la limite de l’impudeur. Leur attitude outrancière est accentuée par la jovialité et l’allégresse de leurs visages.

Ces individus se croient tout permis, et au nom de leur sacro-sainte laïcité, ils osent sans vergogne exposer au vu et au su de tout le monde leurs corps presque dénudés.

On avait tout d’abord cru que les choses allaient en rester là car après tout libre à eux de s’habiller selon leurs convictions laïques du moment qu’ils ne veulent rien imposer aux autres. Mais malheureusement, la situation s’est vite envenimée. Des hordes de laïques intégristes se sont attaqués aux écoles coraniques exigeant manu militari que les enseignants soient remplacés par des enseignantes afin de faire respecter le principe aberrant de parité.

Face à la passivité de la société civile musulmane, les énergumènes laïques se sont crus en terrain conquis et ils ont commencé par investir les universités. Ainsi, ils n’ont pas hésité à séquestrer le doyen de la Zitouna pour lui demander d’admettre une de leur camarade dénudée à la salle d’examen. Ils ont même osé demander que la mixité soit instaurée dans les institutions d’enseignement supérieur.

Le plus affligeant dans cette affaire, c’est le silence assourdissant du parti laïque, victorieux des élections, face à ces événements tragiques. Certains esprits mal tournés avancent la thèse selon laquelle ces milices déchaînées sont en réalité le bras armé moderniste du parti laïque.

Le discours islamiste tranquillisant répété à tue-tête par ce parti ne serait donc qu’une vaste supercherie destinée à tromper le peuple pieux du Tounistan pour faire passer en douce les idées progressistes dans la prochaine constitution.

Les vrais croyants doivent se mobiliser pour contrer ses dérives modernistes. Aujourd’hui ces individus veulent imposer leurs choix vestimentaires, demain ils exigeront l’abolition de l’Etat califal ou pire encore l’interdiction de la polygamie. Restons vigilants, un islamiste averti en vaut deux.

mardi 29 novembre 2011

نحن لم نستخدم القوّة بعد


عبارات سمجة هدّد بها القدافي شعبه قبل أن يزجّ به الثوار في مزبلة التاريخ مفتضّ البكارة. عبارات مستقاة من قاموس الدكتاتورية والعنجهية يلجأ إليها كلّ متجبر عنيد لترهيب شعبه وإجباره على الخضوع لسطوته. ومع الأسف الشديد توجد فئات في المجتمع التونسي شرعت في استعمال مثل هذه العبارات قصد نشر إيديولوجيتها الظلامية وأفكارها المتطرفة.

هذه الفئات ترفض لغة الحوار الحضاري وتفضّل استعراض العضلات الفلكلوري والهمجي كوسيلة لتحقيق مآربها على غرار الهجمات المنظمة التي تكثفت في الآونة الأخيرة ضدّ المؤسسات التربوية والثقافية. فهل أصبحت تونس مقاطعة أفغانية أو محافظة عراقية حتّى يرتع فيها أمراء الحرب والميليشيات الدينية ممّن يحاولون فرض نمط معيشي مستورد لا يمتّ بصلة إلى الواقع التونسي؟

يجب على الحكومة الجديدة أن تتصدّى بكلّ حزم لمثل هذا الالتفاف الفاحش على القانون والمؤسسات الوطنية ولا أقصد ذاك الحزم الدكتاتوري الذي أشار إليه المخلوع قبل رقصته البهلوانية الأخيرة وإنّما الحزم الديمقراطي المبني على استعمال العنف الشرعي والمقنن ضدّ كلّ من تسوّل له نفسه الأمارة بالسوء اللجوء إلى منطق القوة لفرض آرائه وتوجهاته على بقية أفراد المجتمع.

إنّ النظام الجديد الذي يستمدّ وجوده من الشرعية الانتخابية لا يمكن أن يقبل بمثل هذا التعدي على هيبة الدولة التونسية مجسّمة في مؤسساتها التربوية وحتّى وإن وقع تقزيم تلك الهيبة خلال الحقبة الطرابلسية واستعمالها لخدمة غايات شخصية دنيئة، فإنها تبقى رغم ذلك خطّا أحمر لا يمكن تجاوزه من قبل أيّة فئة ضالة "لا تَصلحُ ولا تُصلحُ" وإلا سيكون ذلك إعلانا صريحا لبداية نهاية التجربة الديمقراطية التونسية.

يجب على السيد الجبالي ومن معه أن يدركوا أنّ هيبة الدولة مكسب ناضلت من اجله أجيال عديدة من التونسيين وأنّهم الآن بوصولهم إلى سدّة الحكم ورثة ذلك النضال الذي ابتدأ منذ أن رفعت السفن التونسية العلم المفدّى في ميناء الأستانة معلنة استقلالها الرمزي عن الباب العالي. كما أنّه من أجل تلك الهيبة كافح خير الدين أمام القضاء الفرنسي لاسترجاع الأموال التي نهبها من خزينة الدولة أجداد النمط الطرابلسي. ومن أجلها أيضا ناضل الحامي والثعالبي وحشاد وكثيرون معهم حتى تمكن بورقيبة من إقرار تلك الهيبة على أرض الواقع لكن لكي يتولى مع الأسف تقويض دعائمها بنفسه بعد ذلك.

 إنّ الدولة التونسية ليست جمهورية موزية كما أرادها بن علي أن تكون بل هي سليلة تاريخ عريق راسخ في القدم وعلى من سيحكم تونس باسم الشعب والقانون أن يصون هيبتها وشموخها من مثل هذه التصرفات الرعناء المتطرفة حتى يبرهن لخصومه ولشريحة هامة من المجتمع التونسي أنّ مخاوفهم تجاه السياسة التي سينتهجها هي من باب الظنّ الآثم لا اليقين الثابت.

dimanche 27 novembre 2011

Au pays des aveugles médiatiques Attounissia TV est reine


Il ne fait aucun doute que Sami Fehri a été l’un des auxiliaires des Trabelsi est plus précisément de Belhassen Trabelsi le parrain de la bande des tripolitains étant donné que les deux compères étaient associés au sein de la célèbre société de production Cactus Prod.

Est-ce que l’animateur producteur ouvreur de boîtes a profité de manière frauduleuse de cette association avec le mafieux bedonnant ? A cette question seule la justice tunisienne peut répondre d’ailleurs mon présent post ne s’intéresse pas au volet judiciaire de l’affaire Cactus puisque l’instruction est encore en cours.

En vérité, j’ai eu envie d’écrire sur Sami Fehri en regardant hier l’émission « Labes » qu’il réalise sur sa chaîne Attounissia (et oui j’ai des samedis soir palpitants). Le format de l’émission est certes copié sur celui des shows américains mais j’avoue que c’est une réussite. Le ton est léger, les questions de l’animateur (qui soit-dit en passant n’a pas été gâté par la génétique) sont « souvent » pertinentes, et même les petits interludes comiques se laissent regarder. Bref, j’ai eu du mal à décrocher avant la fin. Bien entendu le niveau n’est pas celui d’un Jay Leno ou d’un David Letterman show, mais pour une production tunisienne le résultat n’est pas mal du tout.

Attounissia TV semble avoir fait du recyclage télévisuel une spécialité puisqu’une autre émission de la chaîne est la copie conforme du « Faites entrer l’accusé » de France 2 mais là aussi l’ex-animateur de RTCI a su trouver la bonne formule car l’émission est captivante et franchement regarder un fait divers tunisien à la sauce « Faites entrer l’accusée » s’est révélé être une expérience jouissive.

Personnellement je n’ai jamais apprécié Sami Fehri mais je ferais preuve de malhonnêteté en dénigrant les efforts que lui et ses équipes déploient pour présenter des émissions potables notamment si on les compare avec les merdes monumentales qui sont programmées sur les autres chaînes tunisiennes.

Je suis même persuadé que la révolution a fait du bien à Sami Fehri et à ceux qui travaillent avec lui puisque depuis qu’ils sont obligés de composer avec les moyens du bord, je constate que l’adaptation des concepts étrangers est réalisée avec une minutie qui relève presque d’une sorte d’artisanat télévisuel alors qu’auparavant ils se contentaient de balancer sur les ondes des productions Endemol entrecoupées de spots publicitaires vantant les mérites de tel ou tel produit laitier.

Enfin et au risque de choquer certains, je dirais que le jour où on procédera à l’analyse des causes profondes de la révolution tunisienne, les feuilletons « bling-bling » de Sami Fehri seront cités parmi les facteurs déclencheurs du soulèvement tunisien (à titre marginal bien entendu). En effet, je suis persuadé que l’étalage à une heure de grande écoute de la vie outrageusement fastueuse et « dissolue » d’une partie de la bourgeoisie et des nouveaux riches tunisiens a exacerbé le sentiment d’injustice et de misère ressenti par beaucoup de nos concitoyens notamment ceux vivant dans les régions intérieures. Les gens étaient habitués durant le Ramadan à regarder des productions télévisuelles d’inspiration rurale style « Douar » ou ayant pour cadre les quartiers populaires et la médina et voilà qu’on leur montre des voitures luxueuses, des parties de jambes en l’air et des villas à un million de dinars.

Si mon constat s’avérait juste, Sami Fehri aurait ainsi contribué inconsciemment à causer sa propre perte ou son renouveau (qui sait ??).



samedi 26 novembre 2011

أحبك يا شعب



أحبك يا شعب لأنّك اخترت ممثليك بكلّ شفافية ممن سيدعمون المكاسب ويحافظون على الحرية.

أحبك يا شعب لأنك راسخ في الهوية لا تنكر ماضيك باسم أيّة إيديولوجية.

أحبك يا شعب لأنك مستعد للدفاع عن آراء الآخرين حتى أولئك الذين يختلفون معك حول الفنّ والدين.

أحبك يا شعب لأنك تحترم النظام فليس منك من يسرق أرض جاره أو يبني دون سابق إعلام.

أحبك يا شعب لأنك مفعم بالمدنية تلتزم بالوقوف في الصفّ وبالإشارات المرورية.

أحبك يا شعب لأنك تقدّر الجنس اللطيف فليس منك من يفرض عليه سلوكه بالشتم والتعنيف.

أحبك يا شعب لأنك تعشق العلوم والآداب فلا تدّخر جهدا في قراءة كتاب.

أحبك يا شعب لأنك تنبذ المرتشين فلا تقضي حوائجك إلاّ في إطار القوانين.

أحبك يا شعب لأنك متيّم بفكر الأنوار فليس منك من يلجأ للعنف كوسيلة حوار.

أحبك يا شعب لأنك حريص على الوسطية تكره التطرف والمذاهب التكفيرية.

mardi 22 novembre 2011

Les nouvelles « Pravda » islamistes


Les partis au pouvoir ont toujours eu besoin de relais médiatiques complaisants dont la principale mission consiste à promouvoir leur image auprès de la population tout en fustigeant leurs adversaires politiques.

Du temps de Bourguiba, cette fonction était notamment assurée par le journal L’Action qui relayait les activités du combattant suprême avec zèle et abnégation. Avec l’arrivée de Ben Ali, la désinformation s’est encore accentuée et a pris une tournure plus professionnelle puisqu’en plus du journal Le Renouveau organe officiel du parti unique et du régime, l’omnipotente ATCE a constitué, sous l’égide du petit Goebbels que fut Abdelwahab Abdallah, une formidable machine de propagande qui a fonctionné à plein régime aussi bien en Tunisie qu’à l’étranger.

Cependant l’expérience tunisienne en matière de démagogie journalistique et de manipulation des masses aussi pittoresque soit-elle, demeure néanmoins anecdotique si on la compare avec l’expérience soviétique. En effet, le parti communiste a réussi durant des dizaines d’années à exercer un contrôle absolu sur tous les médias et a su déployer un arsenal journalistique imposant dont la Pravda était le fer de lance.

Ce journal qui était aussi important pour le régime que la police politique, servait à redorer l’image de l’union soviétique en usant de tous les moyens possibles et imaginables. Ainsi, il paraît que c’est dans l’enceinte de la Pravda que fut inventé le photomontage politique (ancêtre du Photoshop) afin de faire disparaître des photos officielles les membres du parti tombés en disgrâce ou pour embellir l’image de certains dirigeants. Toutes les mauvaises nouvelles se muaient, sous la plume des journalistes de la Pravda, en événements heureux et réjouissants. Toute critique du régime était débusquée et son auteur accablé des pires insultes.

Cette manière infâme de faire du journalisme qui a influencé les torchons publiés dans les pays dictatoriaux du tiers monde continue de faire des émules sous nos cieux. Ainsi, des sites internet, qui jusqu’à récemment ne rechignaient pas à publier les articles d’un certain Borhan Bsais, se sont transformés du jour au lendemain en défenseurs zélés des nouveaux maîtres du pays. Les journalistes (si tant est qu’on puisse les qualifier ainsi) opérant sur ces sites ne font pas dans la demi-mesure puisqu’ils affichent sans vergogne un ralliement indéfectible au parti islamiste.

Pire encore, ces sites n’hésitent pas à dénoncer avec virulence et en usant parfois d’un langage ordurier les prises de positions des partis politiques progressistes ou de certaines associations de la vie civile à l’instar de celles des femmes démocrates.

Il est tout de même désolant de constater que les vents de la révolution n’ont pas encore soufflé dans certaines rédactions et que certains pseudos journalistes continuent à ignorer la déontologie de leur profession qui exige d’eux l’observation d’un degré minimum d’impartialité. Les lecteurs qui seraient tentés de fermer les yeux sur ce genre de comportements perfides devraient peut-être se souvenir que la dictature est toujours le fruit de la lâcheté et de la complaisance.

dimanche 20 novembre 2011

La Tunisie sur la voie égyptienne ?


Au début des années soixante-dix, la société égyptienne était considérée comme l’une des plus modernes du monde arabe. Le régime nassérien, malgré ses nombreux travers, avait néanmoins réussi à insuffler un élan moderniste à l'Égypte. La vie culturelle, baromètre infaillible de la bonne santé de toute société humaine, s’était épanouie nonobstant la répression exercée par le régime et même aujourd’hui lorsque les intellectuels égyptiens évoquent cette époque c’est souvent avec une sincère nostalgie.

Malheureusement l'Égypte actuelle n’a strictement plus rien à voir avec ce qu’elle était du temps de Nasser. En l’espace de quarante ans, la société égyptienne s’est irrémédiablement engagée sur la voie de l’islamisme radical. En effet, la politique laxiste de Sadate vis-à-vis des mouvements islamistes leur a permis de diffuser leur idéologie au sein de la société notamment auprès des populations pauvres, chose qui leur était interdite auparavant. De même, la révision des manuels scolaires sous l’impulsion des islamistes et avec la complicité tacite du nouveau régime à contribuer à l’endoctrinement des jeunes générations. Enfin, la pénétration du wahhabisme saoudien dans l’environnement égyptien, par le biais des travailleurs émigrés, a revigoré le renouveau islamiste au sein du pays tout en lui conférant encore plus de radicalité.

L’un des symboles les plus éloquents de ce raz-de-marée islamiste a été l’obtention, dans les années quatre-vingt-dix, par un groupe d’avocats d’une décision judiciaire imposant au célèbre penseur égyptien Nasr Hamid Abu Zayd de divorcer de sa femme. Les avocats en question avaient considéré qu’au vu de ses écrits, Abu Zayd s’était rendu coupable d’apostasie et que par conséquent il n’avait plus le droit de rester marié avec une femme musulmane. La justice égyptienne a adhéré à cet argumentaire juridico-religieux et a prononcé l’annulation du mariage ce qui a contraint Nasr Abu Zayd et son épouse à l’exil.

Je ne sais pas pourquoi mais l’affaire Nessma qui est passée en jugement cette semaine m’a rappelé l’affaire Abu Zayd toutes proportions gardées bien entendu (Nabil Karoui n’est ni un intellectuel, encore moins un libre penseur ce n’est qu’un petit marchand du temple médiatique). En vérité, j’ai peur de voir le scénario égyptien se répéter en Tunisie avec la montée en puissance d’un islamisme revanchard qui va s’acharner à judiciariser la vie intellectuelle et culturelle pour imposer son idéologie à l’ensemble de la société.

Ainsi, les libertés et les droits individuels que les tunisiens ont commencé à s’approprier après plus de cinquante ans de dictature (et même ceux qu’ils ont toujours eu) risquent d’être remis dangereusement en cause. Aux premiers jours de la révolution tunisienne, certains commentateurs l’ont comparée à un film épique grandiose. Espérons qu’aujourd’hui elle ne va pas se métamophoser en un mauvais feuilleton égyptien.