Souvent dénigré par ceux qui se considèrent comme les élites bien pensantes de la société, le tunisien moyen n’en demeure pas moins l’objet de toutes les attentions et de toutes les convoitises. C’est lui que les publicitaires visent lorsqu’ils concoctent leurs messages et c’est encore lui que la classe politique dans son ensemble prétend défendre et représenter.
Mais alors qu’est ce qu’un tunisien moyen ?
La réponse à cette interrogation n’est pas aussi évidente qu’il n’y paraît car il y a autant de tunisiens moyens que de tunisiens tout court. Partant de ce constat, toute démarche synthétique en la matière est nécessairement réductrice et pourrait même être assimilée aux travaux si souvent décriés des célèbres criminologues du 19ème siècle tels que Lombroso ou Ferri.
Cependant et malgré les difficultés d’ordre méthodologique je vais tout de même tenter de dresser un portrait-robot sociologique aussi fidèle que possible du tunisien moyen.
Tout d’abord il s’agit généralement d’un individu âgé entre 30 et 40 ans dont l’occupation première, au cas où il a boulot, consiste à trouver le moyen le plus ingénieux pour pouvoir rejoindre son café habituel et lorsqu’il est chômeur le problème ne se pose même pas puisque le café constitue son second lieu de résidence.
La semaine du tunisien moyen est rythmée par les exploits ou les débâcles de son équipe de foot préférée d’ailleurs s’il achète un journal (quand il n’accapare pas celui du voisin) c’est uniquement pour dénicher les derniers potins qui la concernent. Sur ce sujet il est incollable et il pourrait vous citer par cœur l’arbre généalogique du dernier attaquant zimbabwéen que vient d’intégrer son équipe. Et si par chance il est l’heureux propriétaire d’une voiture populaire elle sera décorée tel un sapin de noël, par des babioles multiformes aux couleurs de sa formation adorée.
Le tunisien moyen se caractérise également par sa grande piété. Ainsi qu’il soit un pratiquant zélé ou un buveur invétéré, vous n’avez pas intérêt à venir le taquiner à propos de la sacralité de la religion ou avec d’autres élucubrations métaphysiques du même genre. Vous risqueriez de vous en prendre pour votre grade et de vous faire traiter de sale chien mécréant dont le sang peut être répandu sans vergogne.
Dans le panthéon politique du tunisien moyen trônent des personnages aussi sympathiques que Hassan Nasallah, Ismael Hanieh et feu Saddam Hussein (dont une grande majorité de tunisiens moyens considèrent qu’il est encore vivant et tel un messie vengeur il va bientôt réapparaître pour châtier ses ennemis et libérer la terre promise du joug des oppresseurs).
Pour le tunisien moyen, l’occident est un lieu féérique ou tout est facile et à portée de main. Quant aux occidentaux bien qu’ils soient assez intelligents pour avoir pu accéder à un tel degré de modernité, ils n’en demeurent pas moins de pauvres âmes naïves et vulnérables face à sa ruse et à sa vivacité d’esprit. De même, pour le tunisien moyen l’occident tout développé qu’il soit n’est in fine qu’un lieu de débauche et de décadence : terre de prédilection des sodomites et autres pervers de tout genre. Les femmes occidentales quant à elles sont toutes des nymphomanes débridées et qui, lassées de l’impuissance de leurs partenaires, n’attendent qu’un signe de notre ami le tunisien moyen pour se précipiter dans ses bras d’étalon chevronné.
Enfin, quant à la notion du bonheur, elle est aussi éphémère pour le tunisien moyen que la victoire de son équipe dans un derby ou une grille de promosport presque gagnante.
1 commentaire:
Cette descritpion correspond a un bon nombre de tunisiens...mais heuresement qu'ils ne sont pas tous comme ca...
y a aussi ceux qui revent, ceux quiessaient, ceux qui etudient...
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