mardi 21 avril 2009

Déchéance

Interrogé sur les choses dont il avait le plus peur, l’écrivain autrichien Stéphane Zweig avait répondu : « je ne crains rien, ni l’échec, ni l’oubli ; je ne redoute que la maladie, l’âge et l’amertume ».

En lisant cette réponse j’avais cru qu’elle émanait d’un vieil écrivain abandonné par ses forces et au crépuscule de sa vie. Je fus donc surpris en découvrant que Zweig a prononcé ces mots à l’âge de 30 ans. Un âge où normalement on a encore toute la vie devant soi et où on est rarement sujet à ce genre de pensées morbides.

Mais en y réfléchissant bien, on se rend compte à quel point la santé et la vigueur corporelle ne tiennent qu’à un fil. Nombreux sont ceux, qui à cause d’un aléa imprévu, se sont retrouvés prisonnier de leur propre corps piégés par la souffrance et la maladie. Devenus impotents ou grabataires, leur vie à basculer du jour au lendemain.

La déchéance physique d’un être humain n’est pas belle à voir, elle nous renvoie à notre propre faiblesse organique et à la vulnérabilité congénitale de notre existence. Cette déchéance qui vous prive d’une part de votre humanité, comment y faire face ? A quoi peut-on s’accrocher ? A la religion, à la promesse d’une vie meilleure ? Doit-on se résigner et accepter dignement son sort ou bien maudire son destin et se cloîtrer dans son amertume et dans sa haine ?

Embarqués à bord du grand vaisseau de la vie, on a trop souvent tendance à oublier que notre destinée demeure à la merci d’un vent de travers susceptible à chaque instant de la faire chavirer.

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