mercredi 25 janvier 2012

Fausse couche révolutionnaire

Ainsi donc, il paraît de plus en plus évident que la montagne révolutionnaire a accouché d’une portée de ratons obscurantistes. En vérité le contraire aurait été étonnant. Ayant beaucoup côtoyé, l’homo sapiens tunisien de base notamment lors de mémorables huis clos dans nos célèbres bus jaune vomi (une expérience plus enrichissante sur le plan spirituel que sept années de retraite dans un monastère tibétain), j’aurais été surpris que notre révolution bénie puisse déboucher sur un modèle politico-social à la scandinave.

Personnellement, j’avais parié sur une évolution vers un modèle teinté de conservatisme mou style Egypte des années 90, le génie littéraire et cinématographique en moins. Mais là encore il semble que je me suis montré quelque peu optimiste dans mes prévisions car au vu des derniers événements, on dirait qu’on se dirige dans la joie et la bonne humeur vers une reproduction tragi-comique de l’expérience afghane en matière de libertés et de respect des droits de l’homme.

Le plus drôle dans l’histoire, c’est que cette Tunisie obscurantiste a toujours été là, bien tapie dans l’ombre attendant patiemment de prendre sa revanche historique et lorsque les conditions opportunes que l’on connaît ont été réunies, elle a fait son «coming out» tous Qamis dehors.

Malheureusement, certains apprentis sorciers croient qu’en tergiversant et en adoptant un profil bas ils pourront maîtriser, le feu obscurantiste afin de l’utiliser à des fins bassement électorales en oubliant au passage qu’un incendie dévastateur peut arriver plus vite qu’on le croit.

J’aurais voulu terminer ce petit post insignifiant sur une note optimiste, mais je ne vois aucun signe qui puisse augurer d’un avenir plus radieux. Cependant j’aimerais dédier ces quelques mots du grand Bertolt Brecht à tous ceux, qui comme moi, sont assaillis par le doute et l’amertume : « nos défaites d'aujourd'hui ne prouvent rien, si ce n'est que nous sommes trop peu dans la lutte contre l'infamie, et de ceux qui nous regardent en spectateurs, nous attendons qu'au moins, ils aient honte ».

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