Interrogé
sur les choses dont il avait le plus peur, l’écrivain autrichien
Stéphane Zweig avait répondu : « je ne crains rien, ni l’échec, ni
l’oubli ; je ne redoute que la maladie, l’âge et l’amertume ».
En
lisant cette réponse j’avais cru qu’elle émanait d’un vieil écrivain
abandonné par ses forces et au crépuscule de sa vie. Je fus donc surpris
en découvrant que Zweig a prononcé ces mots à l’âge de 30 ans. Un âge
où normalement on a encore toute la vie devant soi et où on est rarement
sujet à ce genre de pensées morbides.
Mais
en y réfléchissant bien, on se rend compte à quel point la santé et la
vigueur corporelle ne tiennent qu’à un fil. Nombreux sont ceux, qui à
cause d’un aléa imprévu, se sont retrouvés prisonnier de leur propre
corps piégés par la souffrance et la maladie. Devenus impotents ou
grabataires, leur vie à basculer du jour au lendemain.
La
déchéance physique d’un être humain n’est pas belle à voir, elle nous
renvoie à notre propre faiblesse organique et à la vulnérabilité
congénitale de notre existence. Cette déchéance qui vous prive d’une
part de votre humanité, comment y faire face ? A quoi peut-on
s’accrocher ? A la religion, à la promesse d’une vie meilleure ? Doit-on
se résigner et accepter dignement son sort ou bien maudire son destin
et se cloîtrer dans son amertume et dans sa haine ?
Embarqués
à bord du grand vaisseau de la vie, on a trop souvent tendance à
oublier que notre destinée demeure à la merci d’un vent de travers
susceptible à chaque instant de la faire chavirer.
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