Comment
peut-on savoir si on a réussi sa vie ?
Répondre
à une telle interrogation masochiste exige de faire un examen introspectif sur
son parcours personnel afin de l’évaluer de manière objective et détachée. Un
examen de ce genre est-il possible? J’en doute fortement mais supposons
pour les exigences de ce post qu’il le soit.
Il
faut ensuite définir les critères d’évaluation qu’on va adopter. Le premier
d’entre eux sera sans doute d’ordre matériel car quoi que l’on dise, l’argent
même s’il ne fait pas le bonheur, il y contribue grandement. Le second critère
sera d’ordre affectif. En effet, comme ne cessent de l’affirmer les magazines
(à la con) dédiés à la psychologie notamment ceux destinés à la gent féminine
(à croire que cet aspect là n’est pas important pour les hommes), pour être
heureux, il faut absolument avoir une vie affective comblée.
Ainsi
donc et selon les critères communément admis en cette première décennie du
vingt-et-unième siècle, le bonheur nécessite l’existence d’un épanouissement
matériel et sentimental. Cependant, cette équation quasi parfaite est en
réalité bancale car elle ignore un élément important caractérisant l’être
humain qui est sa grande capacité à éprouver de l’ennui.
Peu
importe que vous soyez bien installé dans la vie en compagnie de la personne
qui vous aimez, si en même temps vous éprouvez une grande lassitude qui frise
l’ennui mortel.
Généralement
les hommes de plus de 40 ans (et les femmes également sous d’autres cieux) dont
le portefeuille est bien garni croient que cet ennui a pour origine le mauvais
choix du partenaire, d’où une recherche désespérée d’aventures extraconjugales
qui s’avèrent à la fin n’être qu’un simple palliatif servant à atténuer la
sensation d’ennui qu’ils éprouvent sans pour autant l’anéantir.
En
réalité cette frustration continuelle que beaucoup ressentent découle surtout
de la sensation d’absurdité de la vie qu’on mène qui consiste à répéter
mécaniquement des actes dont l’inutilité nous apparaît au fil du temps de plus en
plus évidente. Cette sensation est encore plus accentuée dans un pays comme la
Tunisie où jusqu’à récemment la vie politique, culturelle et sociale affichait
un encéphalogramme plat.
Dépasser
cet état de torpeur devenu à la longue presque congénital, nécessite de bouleverser
en profondeur nos habitudes casanières afin d’essayer de nouvelles expériences
susceptibles de transcender la morosité de notre quotidien.
Généralement
de telles résolutions volontaristes sont prises au boulot après le déjeuner pendant
cette heure bénie où notre corps est en phase de digestion et elles sont vite
oubliées vers 7h du soir lorsque rentrant exténué au domicile conjugal on ne
pense qu’à se jeter tout habillé sur son lit douillet bercé par le son
hypnotisant de la télé qu’on a oubliée allumée depuis la veille.
2 commentaires:
Épineux problème que celui que vous soulevez là. Cela revient à se demander ce qu'il convient de faire de sa vie (ontologiquement et existentiellement parlant). Etant entendu que jusqu'à présent nous ne sommes pas parvenus à en faire grand chose.
@Feuilly
La lucidité est la mère de tous les maux. (Proverbe arabe*)
*que je viens d'inventer.
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