mercredi 7 décembre 2011

Une vie réussie


Comment peut-on savoir si on a réussi sa vie ?

Répondre à une telle interrogation masochiste exige de faire un examen introspectif sur son parcours personnel afin de l’évaluer de manière objective et détachée. Un examen de ce genre est-il possible? J’en doute fortement mais supposons pour les exigences de ce post qu’il le soit.

Il faut ensuite définir les critères d’évaluation qu’on va adopter. Le premier d’entre eux sera sans doute d’ordre matériel car quoi que l’on dise, l’argent même s’il ne fait pas le bonheur, il y contribue grandement. Le second critère sera d’ordre affectif. En effet, comme ne cessent de l’affirmer les magazines (à la con) dédiés à la psychologie notamment ceux destinés à la gent féminine (à croire que cet aspect là n’est pas important pour les hommes), pour être heureux, il faut absolument avoir une vie affective comblée.

Ainsi donc et selon les critères communément admis en cette première décennie du vingt-et-unième siècle, le bonheur nécessite l’existence d’un épanouissement matériel et sentimental. Cependant, cette équation quasi parfaite est en réalité bancale car elle ignore un élément important caractérisant l’être humain qui est sa grande capacité à éprouver de l’ennui.

Peu importe que vous soyez bien installé dans la vie en compagnie de la personne qui vous aimez, si en même temps vous éprouvez une grande lassitude qui frise l’ennui mortel.

Généralement les hommes de plus de 40 ans (et les femmes également sous d’autres cieux) dont le portefeuille est bien garni croient que cet ennui a pour origine le mauvais choix du partenaire, d’où une recherche désespérée d’aventures extraconjugales qui s’avèrent à la fin n’être qu’un simple palliatif servant à atténuer la sensation d’ennui qu’ils éprouvent sans pour autant l’anéantir.

En réalité cette frustration continuelle que beaucoup ressentent découle surtout de la sensation d’absurdité de la vie qu’on mène qui consiste à répéter mécaniquement des actes dont l’inutilité nous apparaît au fil du temps de plus en plus évidente. Cette sensation est encore plus accentuée dans un pays comme la Tunisie où jusqu’à récemment la vie politique, culturelle et sociale affichait un encéphalogramme plat.

Dépasser cet état de torpeur devenu à la longue presque congénital, nécessite de bouleverser en profondeur nos habitudes casanières afin d’essayer de nouvelles expériences susceptibles de transcender la morosité de notre quotidien.

Généralement de telles résolutions volontaristes sont prises au boulot après le déjeuner pendant cette heure bénie où notre corps est en phase de digestion et elles sont vite oubliées vers 7h du soir lorsque rentrant exténué au domicile conjugal on ne pense qu’à se jeter tout habillé sur son lit douillet bercé par le son hypnotisant de la télé qu’on a oubliée allumée depuis la veille.




2 commentaires:

Feuilly a dit…

Épineux problème que celui que vous soulevez là. Cela revient à se demander ce qu'il convient de faire de sa vie (ontologiquement et existentiellement parlant). Etant entendu que jusqu'à présent nous ne sommes pas parvenus à en faire grand chose.

Ecrits-anonymes a dit…

@Feuilly
La lucidité est la mère de tous les maux. (Proverbe arabe*)

*que je viens d'inventer.