dimanche 26 avril 2009

Michel Onfray : de l’athéisme militant à l’islamophobie perfide

Pour ceux qui n’auraient pas la chance ou plus exactement la malchance de le connaître, Michel Onfray est un philosophe mondain surmédiatisé et qui à l’instar d’un Bernard-Henri Levy ou d’un André Glucksman, colporte « sa bonne parole » d’un plateau télé à un autre.

Onfray a connu son petit quart d’heure de gloire grâce à un ouvrage intitulé « traité d’athéologie » dans lequel, en preux chevalier militant de l’athéisme, il a entrepris une critique systématique et virulente des croyances religieuses monothéistes et plus particulièrement du christianisme et de l’islam.

Il faut avouer que par les temps qui courent, être taxé d’islamophobe c’est presque un compliment. D’ailleurs, sur un curriculum vitae de philosophe médiatique, c’est une référence qui vous ouvre des perspectives télévisuelles et radiophoniques alléchantes.

Cependant, l’islamophobie pratiquée sous couvert de critique des religions, étant un fonds de commerce très à la mode, pour pouvoir exister, nos chers philosophes médiatiques n’hésitent pas à verser dans la surenchère la plus éhontée et tant pis pour la morale philosophique.

En matière de surenchère le sieur Onfray surclasse tous ses petits camarades. Chez lui la critique cède souvent la place à la calomnie et à la grossièreté les plus abjectes. A titre d’exemple, en page 207 de son ouvrage on peut lire ceci : Mahomet est « un homme qui ramasseur du crottin des chameaux, ne savait pauvre bougre, ni lire ni écrire… »

Il se peut que mes connaissances philosophiques ne soient pas aussi développées que celles de Monsieur Onfray mais en quoi une telle phrase délibérément provocatrice sert-elle la critique rationnelle. Chez Onfray tout n’est qu’insulte et sarcasme, l’auteur est délibérément méprisant envers ceux qu’il considère comme ses adversaires c'est-à-dire les croyants. Le ton de l’ouvrage n’est pas celui du débat qui procède par argumentation. C’est au contraire celui de l’invective.

A propos de l’islam il écrit également : « moderniser la religion musulmane, vivre un islam laïque, moderne républicain sont des billevesées intenables ».

Ou encore : « l’islam est structurellement archaïque : point par point, il contredit tout ce que la philosophie des lumières a obtenu depuis le 18ème siècle… ».

Michel Onfray a tout à fait le droit de critiquer l’islam et ses symboles, libre à lui même de le démystifier à souhait. En revanche, lorsque la critique n’apporte rien de constructif et que le philosophe se transforme à la fois en juge et en bourreau et qu’il condamne sans appel une religion dans son ensemble, je considère personnellement que cela est une insulte pour tous les musulmans libéraux qui croient en leur religion et qui essayent de la réformer de l’intérieur. C’est une insulte pour tous les libres penseurs musulmans tels notamment Malek Chebel ou Mohammed Talbi qui n’ont eu de cesse de professer un islam tolérant et progressiste.

Il fut un temps où la scène philosophique française était capable de produire des génies à l’instar des Sartre, Foucault et Merleau-Ponty qui ne pouvaient que vous inspirer du respect même si vous ne partagiez pas leurs opinions. Hélas et pour paraphraser un proverbe bien de chez nous : cette flamme sacrée de la philosophie française n’a laissée derrière elle que des cendres futiles.

3 commentaires:

khayati a dit…

Vous avez entièrement raison... C'est un "C..." à la mode. La mode passe et les questions réelles restent... Nous devrions nous même provéder à la critique. Ce Monsieur n'a pas sûrement lu le livre de Hichem Djait... Qu'il reste dans sa crasse. C'est à nous d'avancer dans la bonne intelligence entre nous.

Anonyme a dit…

Bonjour,
Onfray ne trouve de l’humour que dans le sarcasme (c’est un fait), ce qui peut être gênant et blessant (voir blasphématoire) quand on est croyant et qu’il parle des religions. Je n’approuve pas son sarcasme à l’égard des religions quand il s’agit de s’exprimer devant un public (sarcasme qui est tout à fait différent et tolérable lorsqu’il est présenté devant un groupe d’athées). En revanche, lorsque l’on sait que pendant près de 1800 ans (et même encore aujourd'hui dans certains pays!) toutes les personnes qui osaient critiquer ou remettre en cause la religion, le christianisme, l’islam, le judaïsme se retrouvaient la tête coupée ou bien brûlé sur un bûcher, on peut quand même dire que ce sarcasme qui ne tue personne est de bonne guerre !
Onfray est « religionophobe », ce qui est tout à fait compréhensible quand on est athée, ce qui ne signifie pas que l’on aime pas les croyants (comme vous l’écrivez), mais cela signifie qu’il n’aime pas les personnes qui tirent les ficelles de la religion pour contrôler l’homme, ce qui est très différent. Car ne pas aimer les croyants, c’est être raciste et ça c’est grave alors que ne pas aimer les religions monothéistes, c’est être libertaire. Vous le pensez vous-même je crois car il me semble que vous défendez l’islam progressiste (donc implicitement, vous constatez les limites de la religion telle qu’elle est appliquée). D’ailleurs, Onfray s’est « peu » attaqué à l’Islam par rapport au démontage qu’il fait du christianisme.
Donc je comprend votre coup de gueule qui est légitime mais en revanche je ne pense pas que ces propos trop radicaux doivent effacer le remarquable travail qu’il fait.
Très cordialement

Anonyme a dit…

J'ai fait une petite faute d'orthographe qui change tout le sens de ma dernière phrase, désolé. Je voulais écrire :" je ne pense pas que ses propos (ceux de Onfray)trop radicaux doivent effacer le remarquable travail qu’il fait"
A+