mardi 22 novembre 2011

Les nouvelles « Pravda » islamistes


Les partis au pouvoir ont toujours eu besoin de relais médiatiques complaisants dont la principale mission consiste à promouvoir leur image auprès de la population tout en fustigeant leurs adversaires politiques.

Du temps de Bourguiba, cette fonction était notamment assurée par le journal L’Action qui relayait les activités du combattant suprême avec zèle et abnégation. Avec l’arrivée de Ben Ali, la désinformation s’est encore accentuée et a pris une tournure plus professionnelle puisqu’en plus du journal Le Renouveau organe officiel du parti unique et du régime, l’omnipotente ATCE a constitué, sous l’égide du petit Goebbels que fut Abdelwahab Abdallah, une formidable machine de propagande qui a fonctionné à plein régime aussi bien en Tunisie qu’à l’étranger.

Cependant l’expérience tunisienne en matière de démagogie journalistique et de manipulation des masses aussi pittoresque soit-elle, demeure néanmoins anecdotique si on la compare avec l’expérience soviétique. En effet, le parti communiste a réussi durant des dizaines d’années à exercer un contrôle absolu sur tous les médias et a su déployer un arsenal journalistique imposant dont la Pravda était le fer de lance.

Ce journal qui était aussi important pour le régime que la police politique, servait à redorer l’image de l’union soviétique en usant de tous les moyens possibles et imaginables. Ainsi, il paraît que c’est dans l’enceinte de la Pravda que fut inventé le photomontage politique (ancêtre du Photoshop) afin de faire disparaître des photos officielles les membres du parti tombés en disgrâce ou pour embellir l’image de certains dirigeants. Toutes les mauvaises nouvelles se muaient, sous la plume des journalistes de la Pravda, en événements heureux et réjouissants. Toute critique du régime était débusquée et son auteur accablé des pires insultes.

Cette manière infâme de faire du journalisme qui a influencé les torchons publiés dans les pays dictatoriaux du tiers monde continue de faire des émules sous nos cieux. Ainsi, des sites internet, qui jusqu’à récemment ne rechignaient pas à publier les articles d’un certain Borhan Bsais, se sont transformés du jour au lendemain en défenseurs zélés des nouveaux maîtres du pays. Les journalistes (si tant est qu’on puisse les qualifier ainsi) opérant sur ces sites ne font pas dans la demi-mesure puisqu’ils affichent sans vergogne un ralliement indéfectible au parti islamiste.

Pire encore, ces sites n’hésitent pas à dénoncer avec virulence et en usant parfois d’un langage ordurier les prises de positions des partis politiques progressistes ou de certaines associations de la vie civile à l’instar de celles des femmes démocrates.

Il est tout de même désolant de constater que les vents de la révolution n’ont pas encore soufflé dans certaines rédactions et que certains pseudos journalistes continuent à ignorer la déontologie de leur profession qui exige d’eux l’observation d’un degré minimum d’impartialité. Les lecteurs qui seraient tentés de fermer les yeux sur ce genre de comportements perfides devraient peut-être se souvenir que la dictature est toujours le fruit de la lâcheté et de la complaisance.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Nous avons fabriqué ben ali de toutes pièces, nous allons en faire autant (tous et pas que les journalistes), sauf que cette fois, le résultat sera pire

Ecrits-anonymes a dit…

@Anonyme
Je partage votre pessimisme.

Anonyme a dit…

En effet. C'est malheureux, mais c'est ainsi.
Ce qui qualifie le plus nos journalistes, c'est la 9offa.

Ce que tu écris à propos des journalistes soviétiques, et d'ailleurs de nos chers administrateurs de page facebook depuis quelques temps me rapelle le livre 1984 de Georges Orwell. Quelle était donc la profession du personnage principal du livre?

Ecrits-anonymes a dit…

@Massir
Le Big Brother intégriste est encore plus dangereux que celui d'Orwell Car il n'y a pas pire qu'un totalitarisme qui tire sa légitimité de l'instrumentalisation du sacré.