samedi 12 novembre 2011

Petites confessions révolutionnaires


En relisant un de mes anciens messages (exercice narcissique très relaxant) je me suis rendu compte que l’art divinatoire ne faisait décidément pas partie de mes talents comme beaucoup d’autres choses d'ailleurs.

En effet, il y a presque deux ans j’avais écrit cette phrase absolument pas prémonitoire « j’appartiens à une génération bâtarde qui n’a connu ni le temps des révolutions triomphantes, ni celui des idéologies foisonnantes. » Bien entendu à cette époque si quelqu’un m’avait dit que j’allais assister à la révolution tunisienne (et oui comme la majorité de nos partis politiques, je n’y ai participé que par des vœux pieux), je l’aurais sans doute pris pour un aliéné ou pire encore pour un membre de la police politique essayant de m’extorquer des confidences compromettantes.

Même dans mes rêves les plus fous, je n’aurais jamais imaginé que ce plat pays (au sens politique et non géographique) pourrait être à l’origine d’une révolution qui allait changer le cours de l’histoire et surtout le cours de ma petite vie de tunisien moyen.

Qui aurait pu croire que cette Tunisie des logements sociaux, des centres commerciaux, des pauvres âmes sans terre, des mères célibataires, des restaurants branchés, des supporters de foot désœuvrés, des thalassothérapies, des vendeurs de tapis, des hôtels luxueux et des taudis miteux allait enfanter une telle révolution.

La seule chose que j’avais personnellement prédite, il y a de cela quelques années c’était que si des élections libres et transparentes étaient organisées en Tunisie, nos chers islamistes allaient les emporter haut la main.

Certes il s’agit d’une prédiction au rabais qui n’exige pas des dons particuliers de perspicacité. Cependant lorsque je vois la surprise de certains face aux résultats des élections, cela flatte mon ego d’analyste politique du dimanche parce qu’il importe peu que la vérité soit devant vos yeux si vous détournez le regard d’elle.

Malheureusement un des méfaits du régime benaliste a été de couper de nombreux tunisiens de la vraie réalité du pays. Tous ceux qui évoluaient tranquillement dans leur bulle moderniste se sont réveillés le soir du 23 octobre avec une gueule de bois électorale carabinée. Il est grand temps pour les vaincus des élections de s’adapter à cette nouvelle Tunisie car le meilleur moyen pour arriver à changer les choses c’est d’abord de les voir telles qu’elles sont et non comme on voudrait qu'elles soient.


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