En relisant un de mes
anciens messages (exercice narcissique très relaxant) je me suis rendu compte
que l’art divinatoire ne faisait décidément pas partie de mes talents comme
beaucoup d’autres choses d'ailleurs.
En effet, il y a
presque deux ans j’avais écrit cette phrase absolument pas prémonitoire « j’appartiens
à une génération bâtarde qui n’a connu ni le temps des révolutions
triomphantes, ni celui des idéologies foisonnantes. » Bien entendu à cette
époque si quelqu’un m’avait dit que j’allais assister à la révolution
tunisienne (et oui comme la majorité de nos partis politiques, je n’y ai participé
que par des vœux pieux), je l’aurais sans doute pris pour un aliéné ou pire
encore pour un membre de la police politique essayant de m’extorquer des
confidences compromettantes.
Même dans mes rêves les
plus fous, je n’aurais jamais imaginé que ce plat pays (au sens politique et
non géographique) pourrait être à l’origine d’une révolution qui allait changer
le cours de l’histoire et surtout le cours de ma petite vie de tunisien moyen.
Qui aurait pu croire
que cette Tunisie des logements sociaux, des centres commerciaux, des pauvres
âmes sans terre, des mères célibataires, des restaurants branchés, des
supporters de foot désœuvrés, des thalassothérapies, des vendeurs de tapis, des
hôtels luxueux et des taudis miteux allait enfanter une telle révolution.
La seule chose que j’avais
personnellement prédite, il y a de cela quelques années c’était que si des
élections libres et transparentes étaient organisées en Tunisie, nos chers
islamistes allaient les emporter haut la main.
Certes il s’agit d’une
prédiction au rabais qui n’exige pas des dons particuliers de perspicacité. Cependant
lorsque je vois la surprise de certains face aux résultats des élections, cela
flatte mon ego d’analyste politique du dimanche parce qu’il importe peu que la
vérité soit devant vos yeux si vous détournez le regard d’elle.
Malheureusement un des
méfaits du régime benaliste a été de couper de nombreux tunisiens de la vraie
réalité du pays. Tous ceux qui évoluaient tranquillement dans leur bulle
moderniste se sont réveillés le soir du 23 octobre avec une gueule de bois
électorale carabinée. Il est grand temps pour les vaincus des élections de s’adapter
à cette nouvelle Tunisie car le meilleur moyen pour arriver à changer les choses c’est d’abord
de les voir telles qu’elles sont et non comme on voudrait qu'elles soient.
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