dimanche 14 décembre 2008

L’enfer c’est les autres

Ayant évoqué Jean Paul Sartre ces derniers jours avec un autre blogueur je me suis souvenu de son mot devenu désormais célèbre : « l’enfer c’est les autres ».

Ces derniers temps il m’arrive souvent de penser à cette phrase notamment lorsque je me trouve coincé dans les embouteillages au niveau de l’avenue Kheireddine Pacha ou lorsque je suis obligé de me taper une file d’attente interminable dans un hypermarché.

Dans ces moments pénibles l’autre n’est qu’enfer et damnation, c’est un ennemi intime et sournois. C’est lui qui veut me piquer la voiture que j’ai planifiée d’acheter, c’est celui également qui veut me souffler sous le nez l’appart pour lequel j’ai eu le coup de foudre parce que lui dispose des fonds nécessaires au bon moment. C’est aussi lui qui va me doubler pour le boulot que je convoite parce qu’il a su faire jouer les bons pistons ou pire encore parce qu’il est plus qualifié que moi ce salaud.

Mais cet autre qui nous guette, nous exaspère et nous frustre c’est aussi moi et vous nous sommes tous des autres pour les… autres.

Tous les êtres humains sont liés par des liens indéfectibles : nous subissons le même sort et les mêmes aléas, nous avons les mêmes aspirations et les mêmes désirs comme disait un auteur chaque être humain est un concentré d’humanité à lui tout seul. En chaque individu se résume la quintessence de la race humaine et c’est en cela que je trouve admirable le verset du coran dans lequel il est dit « celui qui tue un homme aura tué toute l’humanité ».

Cela dit ce n’est pas pour autant que je vais céder ma place à un « autre » dans la file d’attente d’un hypermarché.

8 commentaires:

Anonyme a dit…

On vie dans une communauté , où chaque individu doit impérativement entrer en relation avec l'autre..

Dans ton article tu as évoqué les points négatifs de cette relation, mais la face B avec ses points positifs, ne peut que nous apporter du bien..

L'autre c'est cet étranger, et moi je suis l'autre de cet étranger, une relation de conflits, hors, ça ne devra pas marcher comme ça, comme je l'ai dit plus haut , on vie en communauté..


Je comprends que l'on a marre parfois, mais c'est le prix à payer, et don doit faire avec


bonne continuation


Respectueusement

Venus

Ignescence a dit…

"Huis Clos" un très beau livre de J.P. Sartre. Il montre combien les relations sociales peuvent être plus détestable que la vie en solitude. Un peu comme le dis l'adage : "il vaut mieux être seul que mal accompagné" ;)

Ecrits-anonymes a dit…

@venus
Il est vrai que selon l'angle où l'on se place l'altérité est soit une malédiction soit une bénédiction.

@Ignescence:
Autre adage dans la même veine misanthropique: "Tout notre mal vient de ne pouvoir être seuls : de là le jeu, le luxe, la dissipation, le vin, les femmes, l'ignorance, la médisance, l'envie, l'oubli de soi-même et de Dieu." Jean de la Bruyère.

PS: Je ne suis pas d'accord sur le fait qu'il ait inclus les femmes dans son énumération:)

عياش مالمرسى a dit…

Je crois que vous butez sur le premier degré de cette citation, qui d'ailleurs a fait beacoup de bruit à l'époque. Imaginez la France au temps de l'occupation allemande, temps de résistance et de farternité, et Sartre qui sort cette phrase qui n'a pas fini d'être mal interprétée. "L'enfer c'est les autres" ne veut pas dire que nos rapports avec les autres sont empoisonnés, que l'autre est une aubaine à supporter dans les supermarchés; Sartre dit que l'enfer c'est les autres parce que les autres sont, au fond, ce qu'il y a de plus important en nous-mêmes, pour notre propre connaissance de nous-mêmes.Quand nous pensons sur nous, quand nous essayons de nous connaître, au fond nous usons des connaissances que les autres ont déjà sur nous, nous nous jugeons avec les moyens que les autres ont, nous ont donné, de nous juger. Quoi que je dise sur moi, toujours le jugement d'autrui entre dedans. Quoi que je sente de moi, le jugement d'autrui entre dedans. Ce qui veut dire que, si mes rapports sont mauvais, je me mets dans la totale dépendance d'autrui et alors, en effet, je suis en enfer. Et il existe une quantité de gens dans le monde qui sont en enfer parce qu ils dépendent trop du jugement d'autrui. Mais cela ne veut nullement dire qu'on ne puisse avoir d'autres rapports avec les autres, ça marque simplement l'importance capitale de tous les autres pour chacun de nous.

Ecrits-anonymes a dit…

@عياش مالمرسى
Vous avez eu raison de remettre cette expression dans son contexte philosophique initial. En fait je l’ai utilisée au premier degré comme accroche pour le post, une sorte de ويل للمصلين

Marsoise a dit…

Petite précision pour remettre les choses dans leur contexte:
L'enfer c'est les autres, célèbre phrase de Sartre extrait de sa pièce de théâtre la plus connue "Huis clos"(1944),continue à être mal comprise. Comme beaucoup de gens, je pense que tu as compris que Sartre a voulu dire par là que nos rapports avec les autres étaient toujours empoisonnés, que c'était toujours des rapports infernaux. Or l'enfer, nous dit-il, n'est pas le lieu de la torture physique, mais celui du jugement implacable d'autrui porté sur nous. Nos actes nous engagent tout entiers et ne peuvent plus être modifiés. Une fois la mort advenue, nous n'avons aucune prise sur ce que le reste du monde en fera et la façon dont il les interprètera. D'ailleurs les trois personnages du drame en font l'amère expérience, chacun obsédé par son histoire, chacun en position de victime sous le regard accusateur des deux autres, chacun condamné pour l'éternité à en subir le poids. Il n'y a pas d'échappatoire : même quand la porte est ouverte, ils ne peuvent sortir du salon où ils sont retenus. Car c'est là aussi tout le paradoxe de l'affaire, ils sont devenus inséparables et totalement interdépendants les uns des autres : « les autres sont au fond ce qu'il y a de plus important en nous-mêmes pour notre propre connaissance de nous-mêmes »
Ceci dit ton interprétation misanthropique est tout aussi intéressante;)

Ecrits-anonymes a dit…

@a girl from Mars:
Au-delà de l’explication purement philosophique de cette expression, ce qui a fait son succès c’est son acception triviale.

Elle est ainsi devenue une sorte de cri de ralliement pour tous ceux qui se sentent oppressés par la présence de l’autre, cet autre envahissant et intrusif.

Anonyme a dit…

tres intiresno, merci