mardi 9 décembre 2008

Souvenirs littéraires

Est-ce normal de ne plus se souvenir des livres qu’on a lus ?

En lisant la critique d’un livre je me suis rendu compte, non sans mal, de l’avoir lu il y a quelques années de cela, mais je n’arrivais ni à me souvenir de la trame de ce livre ni même de ses personnages principaux. Le seul souvenir qui persistait était celui d’un lieu décrit dans le livre : un jardin public à Moscou.

Le souvenir de ce lieu était tellement vivace qu’il en devenait presque réel pourtant je ne suis jamais allé à Moscou. Certes j’ai sans doute eu l’occasion de voir un jardin public d’aspect soviétique dans un vague reportage télé mais dans mon souvenir je n’avais pas la posture du spectateur, j’étais bel et bien dans ce parc moscovite, je déambulais dans les allées humant l’air automnal et essayant vainement de trouver un banc exposé au soleil

En repensant à cette expérience j'ai pris conscience de la supériorité de la littérature sur toute autre forme artistique. La lecture est une expérience introspective voire même mystique elle nous permet de modeler la vision des personnages et des lieux à notre guise et au gré de notre imagination. On est autant créateur que l’auteur lui-même on devient une sorte d’artiste par procuration.

Au risque de paraître prétentieux je n’ai pas peur d'affirmer que j’ai autant de droit sur les livres que j’ai lus que leurs propres auteurs.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Je ne pense pas qu'il s'agisse de prétention. En effet,un auteur, une fois qu'il abandonne son œuvre à ses lecteurs abandonne aussi le point de vue et la compréhension qu'il avait sur les personnages qu'il a crée.
Pour ce que tu dis de la force évocatrice de la littérature, je suis d'accord. Et le miracle est d'autant plus fort qu'il ne s'agit que de mots.En fait les mots de l'auteur sont un moyen de me faire voir quelque chose qui les dépasse.

Ecrits-anonymes a dit…

@RENZO
Je suis tout à fait d’accord, c’est ce que d’ailleurs certains appellent la magie des mots.
L’expression est peut-être galvaudée mais elle résume à merveille la force évocatrice que peuvent avoir de simples mots.