samedi 20 décembre 2008

Pensées citadines

Tunis dix heures du soir, les rues sont désertes, il faut dire que c’est un vendredi soir et la plupart des bars sont fermés, couvre-feu islamique oblige.

Je me hâte de rentrer, les quelques badauds qui croisent ma route me paraissent sales et laids arborant un visage patibulaire couleur bleu métallisé.

Une sensation de dégoût poignant me monte à la gorge. Je me rends compte que j’ai de la haine pour cette ville avec ses métros couleur vert vomi, ses immeubles délabrés et ses vendeurs de glibette sournois.

Une ville qui a perdu son charme il y a belle lurette. Les colons européens l’ont bâtie pour narguer la vieille ville arabe mais voilà un jour ils sont partis comme bien d’autres avant eux et les autochtones ont pris un malin plaisir à souiller la ville après le départ de ses bâtisseurs.

Les va-nu-pieds ne se sont pas gênés pour prendre leur revanche façon de dire vous avez voulu nous exclure et bien nous allons pisser sur vos belles bâtisses style rococo et nous allons transformer les immeubles haussmanniens en Oukala de luxe.

Il est bien loin le temps du Tunis cosmopolite aux cafés foisonnants d’écrivains et aux troquets pittoresques tenus par des maltais grincheux ou des israélites volubiles et qui dit-on servaient la meilleure Kemia au monde.

En montant dans la voiture, j’essaye de chasser ces pensées noires loin de moi mais je ne peux m’empêcher de jeter un dernier regard à la ville lugubre et somnolente telle une vieille catin abandonnée à son triste sort par ses derniers amants.

3 commentaires:

Aziz a dit…

Tunis n'est pas morte mon cher elle est juste endormie un jour elle retrouvera sa gloire passée ce n'est qu'une question de temps !

Anonyme a dit…

Ben c'est à dire que personne n'est capable de sortir de l'argent pour la collectivité . Par contre pour nous bâtir des palais ou des mini palais, nous somme passé maîtres . Tu n'imagines quand même pas que quelqu'un va payer à lui tout seul la réfection d'une façade d'un immeuble qu'il partage avec d'autres .Tu n'imagines quand même pas non plus que le tunisien va accepter de payer plus d'impôts pour que sa ville embelisse .Tant que son chez-soi est propre que lui importe le reste .

Ecrits-anonymes a dit…

@Aziz
Espérons le.

@syndic
Je partage ton analyse mais je ne crois pas que le problème se réduise à une simple question d’ordre immobilier; le malaise est bien plus profond. On dirait que Tunis (je vise plus particulièrement le centre ville) a perdu son âme d’antan. D’ailleurs, il est évident que ses banlieues cossues lui ont irrémédiablement volé la vedette.